Ce mouvement incessant de va et de vient, d'arrivées et de départs finit par être lassant. Par instants je me dis que j'en ai assez, que je voudrais un peu plus de stabilité et pouvoir serrer plus souvent mon aimé. Je voudrais le gronder ou bien me disputer encore pour une futilité et me réconcilier.
On me disait hier que "la vie de couple au quotidien est ce qui tue le plus sûrement une relation amoureuse!". C'est bien pourtant ce quotidien que je recherche. Pour profiter encore une fois de lui. Profiter de ses bras, profiter de son sourire, profiter de son regard et des mots immortels qu'il cache dans son âme si fragiles qu'il les pare d'une infinie douceur, et des gestes créateurs qu'il garde au fond de lui non pour les soustraire à autrui mais bien pour les leur garder et leur prodiguer au moindre problème. Je l'aime.
Bien sûr que nous allons cohabiter. Il est prévu depuis longtemps de retrouver enfin ces instants agréables qui nous rapprochèrent et nous unirent. Mais l'incertitude sur le temps restant paraît bien lourde qui semble s'étirer à l'infini.
Parallèlement, ce serait mentir que d'affirmer que je n'aime pas être dans mon appartement. J'aime me trouver au milieu de mes affaires, me retrouver devant mon ordinateur et maintenant devant ce blog. J'aime me retrouver seul, dans le silence, face à moi-même. J'aime voir et ne rien faire, comme j'aime ce travail qui m'éloigne de mon aimé mais qui est encore source de rencontres et de richesses. Oh, certes, il m'effrayait comme toutes nouveautés, souvent chargées de peur et d'idées préconçues, mais j'ai fini par m'y habituer et par l'apprécier. Je pense de toute façon qu'on peut s'habituer à tout, même si je n'ai pas encore déterminé si c'était un mal ou si c'était un bien.
Comment concilier alors cet élan amoureux et cet appel à l'être-soi (puisqu'au fond c'est moi que je retrouve en étant ici) ? La réponse n'est peut-être pas encore écrite. A dire vrai, la réponse n'est peut-être même pas importante. Elle se dissout dans les heures que je passe chaque semaine dans les trains, disparaissant dans le flou du paysage. Elle n'importe car je la sais au fond de moi : ici je suis heureux, je suis heureux là-bas. Qu'importe alors si les raisons sont différentes, puisque la joie est.
Et pourtant je me lasse de n'être près de lui. Et mon coeur amoureux cherche à briser l'insécable distance. Combien de fois ai-je courru le soir sur le chemin du retour, combien de fois gravi à quatre pattes les escaliers parce que l'ascenseur tardait à venir, combien de fois regardé l'aimable porte et savouré le bonheur ineffable d'enfin la pousser... Aimer pousser la porte.
Aimer lorsqu'il me regarde. Aimer sentir son regard, son odeur, son contact. Aimer ne faire plus qu'un. Aimer partager, discuter, s'enrichir, découvrir. Aimer porter son amour. Aimer jusqu'à sa présence que l'on sait toujours avec soi. Aimer retrouver son visage dans un nuage, une chute de neige. Et se sentir grandir.
C'est fou ce que le bonheur tient à peu de choses...